S.T.O.
Les drapeaux
Le Service du Travail Obligatoire
Le service du travail obligatoire (STO) fut, durant l'occupation de la France par l'Allemagne Nazie, la réquisition et le transfert contre leur gré vers l'Allemagne de centaines de milliers de travailleurs français, afin de participer à l'effort de guerre allemand, usines, agriculture, chemins de fer, etc.
Les personnes réquisitionnées dans le cadre du STO étaient hébergées dans des camps de travailleurs situés sur le sol allemand
Avec la complicité active du gouvernement de Vichy (les travailleurs forcés français sont les seuls d'Europe à avoir été requis par les lois de leur propre Etat, et non pas par une ordonnance allemande), l'Allemagne nazie imposa la mise en place du STO pour compenser le manque de main-d'œuvre dû à l'envoi soldats sur le front russe.
Selon la Fédération Nationale des Déportés du Travail, fondée en 1945 et devenue en 1979 Fédération Nationale des Victimes et Rescapés des Camps nazis du Travail Forcé, 60 000 moururent en Allemagne et 15 000 furent fusillés, pendus ou décapités pour "actes de résistance". Les historiens jugent aujourd'hui ces chiffres excessifs, et estiment qu'entre 25 000 et 35 000 STO ont néanmoins perdu la vie en Allemagne.
Leur emploi dans des usines de guerre bombardées, souvent dans de mauvaises conditions et sous la surveillance fréquente de la Gestapo, rendait en tout cas leur taux de mortalité supérieur à celui des prisonniers de guerre. Un certains nombres furent mis à disposition des fermes, (voir le film "la vache et le prisonnier"), des artisans ou des fonctions administratives et ferroviaires.
Volontariat : Dès l'automne 1940, des volontaires, au début majoritairement d'origine étrangère (Russes, Polonais, Italiens) choisissent de partir travailler en Allemagne.
En tout, pendant la Seconde Guerre mondiale, environ 200 000 travailleurs partis de France se seraient portés volontaires, dont 70 000 femmes. C'est aussi à l'automne 1940 que l'occupant procéda à des rafles arbitraires de main-d'œuvre dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais, rattachés à Bruxelles.
En juin 1942, l'Allemagne exige de la France 350 000 travailleurs.
Pierre Laval, obligé de maquiller cette sommation, annonce le 22 la création de la "Relève" qui consiste à échanger un prisonnier libéré contre trois travailleurs volontaires envoyés. Mais seuls les ouvriers spécialistes sont en fait pris en compte dans l'échange, tandis que les prisonniers relâchés doivent être des paysans, ou des hommes déjà âgés et malades, donc improductifs et qui auraient probablement été rapatriés de toute façon. De plus, la Relève n'est pas nominative : on ne peut pas s'enrôler pour faire libérer son frère, son mari, son voisin, etc.
Le manque de succès de cette mesure (17 000 volontaires fin août) sonne le glas du volontariat.
Pierre Laval instaure le Service Obligatoire du Travail, ainsi appelé la première semaine, et en raison des railleries dues aux initiales, fut rebaptisé STO. Le recrutement, de catégoriel, se fait désormais par classes d'âge entières. Les jeunes gens nés entre 1920 et 1922, c'est à dire ceux des classes 20, 21 et 22 sont obligés de travailler en Allemagne (ou en France) à titre de substitut de service militaire. La classe d'âge 1922 fut la plus touchée, et les exemptions ou sursis initialement promis aux agriculteurs ou aux étudiants disparurent dès juin. Les filles étaient aussi concernées. Les Chantiers de la Jeunesse contribuèrent aussi activement à l'envoi de leurs propres jeunes en Allemagne, par groupements entiers.
Le STO provoqua le départ dans la clandestinité de près de 200 000 réfractaires, dont environ un quart gagnèrent les maquis en pleine formation.
Le STO accentua la rupture de l'opinion avec le régime de Vichy, et constitua un apport considérable pour la Résistance. Mais il la plaça aussi dans l'immédiat devant une tâche inédite, d'une ampleur non moins considérable (manque d'argent, de vivres, d'armes etc. pour des milliers de maquisards soudain afflués)
Les réfractaires au STO forment également le premier groupe au sein des 35 000 évadés de France qui gagnèrent l'Espagne puis l'Afrique du Nord et s'engagèrent dans la France libre. Faute de filière, de place dans le maquis ou de désir de se battre, de nombreux réfractaires se contentèrent toutefois de se cacher à domicile ou de s'embaucher dans des fermes isolées où ils servirent de main-d'œuvre à des paysans complices.